«Mon histoire...»

Au beau milieu de la nuit, une femme hurlait. Du moins, elle essayait : était-ce la douleur qui l'en empêchait? Elle est allongée sur un lit, dans une pièce assez restreinte. Deux autres personnes sont avec elle dans cette pièce : un homme ainsi qu'une autre femme. À l'allure de certaines choses, on comprend bien assez vite qu'il s'agisse d'un accouchement. Évidemment, ici, dans le souterrain, il n'y a pas de telles choses qu'un docteur : l'homme se tenant devant la femme couchée, accroupi, ne portait pas l'un de ses espèces d'habits turquoises que l'on retrouve chez les pratiquants dans une de ces autres dimensions. Non, ici, un vampire bien normal aide une femme à accoucher de son enfant, et très rarement, ces hommes se retrouvent à être le père.

Ce n'est pas le cas non plus ici : l'homme aidant la pauvre femme à accoucher n'est uniquement qu'un autre vampire du souterrain ne représentant rien dans la vie de la pauvre femme. Et de toute manière, dans le moment présent... Tout ce à quoi elle pense, c'est souffler, pousser et souffrir. Elle doit sortir cet être d'en elle, elle n'en peut plus. Ce n'est que vingt-trois minutes plus tard que l'homme vampire dans la pièce informe aux deux autres qu'il peut voir la tête sortir de l'orifice vaginal de la pauvre femme. Ce n'est qu'une minute plus tard que la femme pousse son dernier soupir de douleur, en poussant de toutes ses forces. Dès la fin de son dernier gémissement, les pleurs avides d'un bébé retentissent aussitôt. Lentement, pourtant, la femme sent ses paupières se fermer d'elle-même. Elle n'a plus une seule énergie : depuis si longtemps elle allongée sur ce lit, à tenter tant bien que mal à donner naissance à son enfant. Maintenant qu'elle avait accomplie sa tâche, elle pouvait se reposer.

Hélas, pas d'un repos ordinaire. Cet accouchement est l'un de ceux à la suite desquels la mère de l'enfant n'a plus l'énergie suffisante pour survivre à l'épreuve. Cette femme, elle le sentait. Elle le savait. Une larme coula sur sa joue.... Elle n'aurait même pas le temps de le serrer dans ses bras : à une vitesse hallucinante, elle sentait que son corps comme son esprit la lâchait. Ses yeux se fermèrent, mais elle n'était pas encore morte. Elle entendait des bruits, mais ne pouvait les distinguer. Elle essayait de dire quelque chose, mais aucun son ne semblait sortir. Puis, une petite pointe de vie l'atteignit. Entre deux pleurs de l'enfant, elle put percevoir une dernière parole avant de mourir...

(Homme) C'est un garçon..!

Un garçon... Son petit garçon à elle. En ce moment plus que jamais de toute sa vie, le silence n'avait jamais été si pénible. Maintenant plus que jamais, malgré le fait que toute sa vie, cette femme fut condamnée au silence. Du moins, depuis presque toute sa vie : sa voix lui fut enlevée à l'âge de treize ans par un démon. Aujourd'hui, à l'âge de trois cent soixante-deux ans, elle donnait naissance à son fils, et ne parvenait même pas à lui dire qu'elle l'aimait. Son enfant... Le sien... Elle.... Elle voulait... Le voir...

Mais ses yeux refusaient de s'ouvrir. Dans sa tête, elle hurlait, se déchaînait. De l'extérieur, elle mourrait : sa bouche et ses yeux étaient bien fermés. Les seuls signes de vie qu'elle montrait encore était la lutte qu'elle menait avec elle-même, qu'elle exprimait par des mouvements brusques de tête. Aucune parole ne parvenait à ses oreilles : tout ce dont elle était capable d'entendre, c'était les cris de son bébé, si précieux. Elle trouva la force d'entrouvrir les lèvres, motivée et poussée par ces pleurs incessants d'un bébé ressentant ce pressentiment de perdre la chose la plus cruciale à son existence.

(Femme) G... G..... Goby....

Puis le néant.

La suite de l'histoire de ce bébé est loin d'être joyeuse. Voyons voir plutôt historiquement les éléments de sa naissance et de ses parents. Après avoir été mutée pendant trois cent quarante-neuf ans, la mère de l'enfant a miraculeusement pu prononcer, une seconde avant de mourir, le nom que l'on devrait donner à son enfant. Ainsi, le bébé fut connu sous le nom de Goby Throne - Throne étant le nom de famille de la mère. Ely Throne, qu'elle se nommait. Quant au père de l'enfant, même Ely n'aurait su dire qui cela était. Un vampire au sein du souterrain, certes, car Ely n'était jamais sortie. Ely était en quelques sortes la fille de joie du souterrain. Si une nuit, un vampire se sentait un peu seul, il n'avait qu'à toquer deux coups, et s'elle n'était pas déjà occupée, elle allait bien vite trouver occupation, au bénéfice des hommes qui avaient fait l'effort de venir cogner à sa porte.

Elle n'était pas très respectée, ainsi ne respectons pas totalement l'enfant à la suite de sa naissance. Les technologies telles que nous les connaissons dans certaines autres dimensions n'existaient pas dans celle d'Astra. Les seuls moyens auxquels on eut pu recourir pour trouver le vrai père de l'enfant aurait été de faire venir l'une de ses étranges femmes possédant des pouvoirs qu'on appelaient divinatoires. Hélas, chaque fois que l'on faisait parvenir l'une de ces humaines ou de ces elfes, à peine mettait-elle le pied dans le souterrain qu'on la retrouvait par la suite morte.

Les tuait-on par faim? Non. On les tuait car quasiment aucun homme ne voulait se retrouver avec un bébé sur les bras, et tous craignaient très fortement d'être le père légitime de l'enfant. Ainsi, ce fut la femme qui aida l'homme lors de l'accouchement d'Ely qui prit soin de l'enfant. D'ailleurs, même le «docteur» avait été prit à tuer l'une de ses voyantes afin d'éviter qu'elles dévoilent à l'un des pauvres vampires du souterrain que le fardeau de Goby Throne lui appartenait. Mais si personne n'en voulait, pourquoi ne tuait-on pas l'enfant? Car Apocalypse refusait que l'on tue ainsi un enfant. Non pas par pitié et justice pour la vie d'un être si petit, mais uniquement car Apocalypse avait besoin de chaque être pouvant exister sous son contrôle pour détruire toutes les créations de ce cher Adam.

L'enfance jeune de Goby fut normale. Un bébé comme tous les autres, qui devait être nourri, qui devait dormir et qui devait se divertir. Même bébé, les vampires sont nourris au sang, mais au lieu de les faire mordre, puisque de toute manière leurs canines ne sont toujours pas présentes, on trouve d'autres moyens d'extraire le sang d'un corps afin de le faire boire normalement au nouveau-né. Ainsi, au préambule de sa vraie vie, Goby n'était qu'un bébé comme les autres, à part le fait que les vampires assez vieux ne se gênaient pas de ne pas le respecter. Après tout, c'était la progéniture d'une pute.

La vie d'un vampire adolescent dans ce souterrain était à peu près la même que celle d'un adolescent dans un lycée privé, d'autant que dans ce souterrain aussi, il y avait l'école. Les jeunes adolescentes en chaleur, les beaux adolescents se croyant supérieurs. La seule différence avec ces lycées de notre univers, c'est que ces vampires ont un orgueil cent fois plus fort : donc s'insultent cent fois plus souvent, et s'assurent d'humilier encore plus. Les gentils vampires n'existaient pas vraiment : on ne pouvait faire confiance à réellement personne. La loi du plus fort régnait plus que nulle part d'autre ailleurs sur Astra, pour sûr.

Goby était coincé au centre de toutes ces existences. Son passé ainsi que celui de celle qu'on nommait sa génitrice le suivait constamment, et on ne manquait jamais de le lui rappeler. Tout cela ne fut pas si mal pendant le début de sa scolarité, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il atteigne seize ans. Après cela, les vampires arrivent dans un niveau différent «d'éducation», que l'on qualifiait de plus pratique : la chasse, le combat. Encore, certes, des choses basiques et emmerdantes, du genre de l'histoire pour ceux en voulant, et bien d'autres choses. L'histoire était le meilleur exemple : Goby se rappelait très clairement être le SEUL vampire dans son cours - si l'on pouvait toujours appeler ça un cours - d'histoire, pendant deux cent deux ans.

Bref, à partir de ce second niveau scolaire du souterrain, la vie devint clairement un enfer pour le jeune Goby Throne, âgé de seize ans à son entrée. Dans son style, Goby était particulièrement solitaire (À titre indicatif, plus que moi en circonstances normales.). Goby n'avait littéralement pas d'amis : surtout car il n'en voulait pas. De toute manière, ce n'était pas comme si qui que ce soit n'eut voulu l'être aussi. Il n'était tout de même pas bouc-émissaire : on se contentait de l'insulter uniquement lorsqu'il surpassait quelqu'un en quoi que ce soit, ou lorsque lui-même perdait un peu de son propre contrôle et tentait de se frotter après quelqu'un. Physiquement, en combat, il gagnait. Ensuite, on se jetait sur son cas, et lui s'en torchait : il en était venu à la conclusion que sa mère était réellement une sale pute qui ne méritait aucun respect. Il ignorait donc ce triste destin et continuait à vivre sa vie merveilleusement en solo. Il a donc continué à vivre ainsi, dans l'indépendance du monde extérieur pendant une vingtaine d'années, c'est-à-dire jusqu'à trente-six ans. Ce qui est génial, avec cet espèce de lycée vampirique, c'est qu'il ne se termine jamais : le vampire peut bien continuer de suivre les cours de combats s'il lui plaît. Personne ne le force à rien, peu importe son âge, seulement, les habitudes lycéennes demeurent malgré l'âge.

Physiquement parlant, le souterrain est à peu près normal : tous les vampires vivent dans des chambres. Il n'y a pas de maisons, ou quoi que ce soit. Chaque vampire a sa chambre aussitôt qu'il atteint vingt ans (C'est à cet âge que le vampire cesse de vieillir physiquement, ainsi voilà l'âge que l'on a décidé comme étant l'âge de la majorité.). Ensuite, il y a des salles communes, telles que des salles d'entraînement, des salles de divertissements et de repos. La salle commune par excellence pourrait ressembler à une cafétéria, s'il n'était de ce crucial détail : les vampires ne mangent pas. Il y a tout de même certains originaux, ceux qui se nourrissent uniquement de sang animal, qui trouvent le moyen de se nourrir dans cette "cafétéria".

L'élément déclencheur de l'exsitence de Goby telle que nous la connaissons aujourd'hui est donc survenu pendant sa trente-septième année.

En fait, ce ne fut pas le coup de foudre au premier regard. Et évidemment, par son passé il avait regarder d'autres vampires en les trouvant très belles et en ayant des «kicks» sur certaines d'entre elles, mais jamais il ne vécu une relation avec l'une d'elles. La seule fois qu'il en aima une, qui elle l'aima en retour, certaines circonstances furent qu'elle dut quitter le souterrain, et on la retrouva morte peu de temps après. Quoi qu'il en soit, âgé de trente-six ans, Goby rencontrait pour la seconde fois de sa vie celle qui changerait sa vie à jamais. La première fois, alors qu'il était beaucoup plus jeune, ils s'étaient croisés par amitiés en commun, mais elle avait un très bon deux cents ans de plus que lui. Il l'avait trouvé terriblement séduisante, mais sans plus. Des années plus tard, ayant atteint la maturité physique d'un vampire, il allait enfin la revoir.

-Jour 1- (Trente-six ans.)

Encore un autre matin. Bâillant, un jeune vampire, cheveux noirs, assez courts, bien étendu dans son lit sou ses couvertures, ouvrait brusquement les yeux. Un éveil tout aussi ordinaire que les autres, et il était probablement la même heure que tous les matins où ce vampire se levait. Il avait développé une espèce d'horloge biologique qui faisait qu'il se réveillant sensiblement au même moment chaque fois. Une autre journée pénible s'annonçait : il irait en cours d'histoire, seul comme depuis qu'il y fut entré. Ensuite, un cours de magie - un cours qu'il détestait par son non-talent. C'était le seul endroit où il échouait lamentablement. Goby n'avait littéralement aucune aptitude magique, et ça l'énervait, aussi n'y allait-il pas souvent. Ensuite, il passerait le reste de sa journée seul, dans sa chambre. Il ne sortirait certainement pas à l'extérieur. L'entraînement à la résistance solaire est un processus uniquement accessible aux vampires âgés de plus de cinquante ans - restriction assez pénible et fort inutile. Goby, prénom de ce jeune vampire, resta pendant au moins trois minutes allongé dans son lit, ses bras blancs croisés derrière la tête, en fixant le plafond ironiquement moins blanc que sa peau.

À la suite de cela, il se jeta hors de son lit d'un coup, et jeta un regard circulaire à sa chambre, debout en plein milieu de celle-ci, encore en sous-vêtements. Il attrapa un pantalon en denim qu'il enfila ainsi que le premier haut qui lui tomba sous la main : un gilet à manches courtes pleinement noir. Certains vampires s'étaient amusés à essayer de personnalisé leurs vêtements : Goby s'en fichait éperdument. Il laissa là son épée, y jetant tout de même un regard, et passa une main dans ses cheveux, histoire d'à peu près les aplatir. Il était prêt.

Il sortit de sa chambre, et aussitôt qu'il posa un premier pas, il se fit entrer dedans par un homme qui marchait très rapidement. Il allait riposter, physiquement et verbalement, mais se retenu bien assez tôt ; la personne qui venait de lui foncer dedans et qui avait continué de marcher sans porter aucun intérêt à Goby était trop bien connu. Il s'agissait d'Edrick, le fils d'Apocalypse, le maître légitime de ce monde. S'il y avait bien une chose que l'on apprenait aux vampires, c'était de le craindre et de le respecter : personnellement, Goby ne pouvait pas blairer ce mec abusant de son pouvoir et de son titre. Mais il n'y pouvait rien, à son niveau, de toute manière. Il fut sortit de ses pensées peu rafraîchissante par une nouvelle bousculade : cette fois-ci une femme. Tout comme la première fois, le coupable ne s'excusa pas. La femme se dirigea droit vers Edrick et l'enlaça par derrière, et lui donna deux baisers sur la nuque. L'apparence de la fille lui était vaguement familière. Il se rappelait l'avoir vu quelque moment dans son existence.

Mais il savait tout de même qui cela était : cette Meru Silverwind dont on faisait allusion, la copine du fils de Malin lui-même. On parlait souvent d'elle, mais assez rarement la voyait-on. Elle était réellement splendide. Goby secoua la tête ; que faisait-il encore là, comme un imbécile, à fixer ce couple? Il ferma la porte derrière lui et marcha à côté d'Edrick et Meru sans même leur adresser un regard. Il cru entendre l'un des deux murmurer quelque chose à son sujet, mais n'y fit même pas attention, et continua sa route. Il finit par s'arrêter dans sa marche arrivé devant une autre porte, incarnée dans le mur. Il avait passé son trajet à se rappeler ces deux-là... Quel culot, depuis quand bouscule-t-on les gens sans raisons, uniquement car on en a le droit..? Si un jour, un de ces deux perdait son importance, il allait sûrement y goûter, à la contrariété de tous ceux qu'ils s'étaient permis de négliger. Pff. Goby secoua la tête de nouveau. Oui, ils étaient beaux, même très beaux. Ils avaient la force et le pouvoir. Il ne leur manquait que du jugement afin d'être parfaits. Dommage que la perfection n'existe pas.

Il finit par ouvrir cette porte. Derrière elle, un homme assis sur une chaise se leva à son entrée. Devant cet homme, un bureau. Devant ce bureau, cinq autres plus petits bureaux avec chacun une chaise. La salle de classe d'histoire. Les murs étaient couverts de bibliothèques, toutes pleines. Goby adorait terriblement cet endroit. D'un sourire, l'homme déjà dans la pièce fit signe à Goby d'aller s'asseoir.

Bon matin, Goby. Ça fait plaisir de voir qu'après vingt ans de suivre ce cours seul, tu ailles bien voulu venir passer ton premier examen!

Goby admirait cet homme. Pendant vingt ans, il avait suivi ce cours tout seul, complètement, outre ce bonhomme vampire. Goby l'appelait Maître Dreik. L'histoire de ce monde intéressait Goby, malgré qu'il fut un être sanguinaire dont le principal rôle était de servir et de détruire. Pour rien au monde aurait-il manqué cette opportunité de voir si vraiment il connaissait bien ce monde. Et même après vingt ans, il savait qu'il continuerait à venir à ce cours aussi longtemps qu'il le pourrait.

Pour rien au monde j'allais manquer cela, Maître Dreik.

Avec lui aussi un sourire à l'endroit de Maître Dreik, Goby alla s'asseoir, en même temps que le professeur déposait une feuille de papier devant Goby.

Prenez votre temps, Goby. Bonne chance, surtout.

Il déposa une plume et un encrier sur le bureau de Goby et alla se rasseoir au sien. Goby observa la première question : Quel est le nom du seul Maître Démon à n'être racialement pas un démon? .. Quelle question ridicule. Après avoir trempé sa plume dans l'encrier, Goby commença à écrire : «Triks, le vampire légendairement le plus vieux du monde. On ignore son âge, mais des sources démoniaques supérieures nous assurent la véracité de cette information.» Si toutes les autres questions allaient être ainsi, ce serait ridicule. La deuxième question : Lors de la Troisième Grande Bataille opposant les démons à une alliance d'elfes et d'humains, comment se nomme le seul survivant de cet affront, et en quel année eut-il lieu? «Edrick, en l'année 139.» Dans ses habitudes, Goby aurait développé beaucoup plus. Mais disons qu'avec sa précédente mésaventure, idolâtrer ce cher Edrick dans son examen était loin d'être sa priorité émotionnelle. Il passa à la prochaine question : Nommez la date de fondation de la ville de Zandler. Zandler... Il rêvait d'y aller un jour. Dès qu'il aurait suivi son entraînement contre la lumière solaire, il irait, c'était certain. Enfin, en quelle année avait été fondée la ville... Facile, en l'an 65.

Il jeta un regard à la question précédente. Elle lui trouvait quoi, au fond, à ce Edrick? Ouais, il avait un physique incroyable, mais il avait une personnalité de merde. Comment une vampire aussi séduisante que cette Meru avait-elle pu succomber à des charmes aussi superficiels..? Était-elle entièrement pareille à lui? Goby se mordit soudainement l'intérieur de la joue. Pourquoi pensait-il à des choses si insignifiantes..? Il se concentra sur la question suivante. Combien y a-t-il de Seigneurs Démons? Facile. «Huit, nommés en ordre alphabétique : Demeneor, Divel, Hullyr, Nestro, Ons, Qued, Triks et Unaver.» - Lorsqu'elle l'avait frôlé, tout à l'heure, n'avait-il pas senti son sein gauche contre son omoplate..? MAIS BORDEL. POURQUOI PENSAIT-IL À CELA?! Il ferma les yeux, prit trois grandes respirations. Se concentrer sur l'examen... Il ne restait qu'une seule question, de toute manière...

La sensation avait pourtant été si agréable... URGL. Fou de colère envers son impulsion mentale, Goby serra trop fort sa plume qui se craqua sous la pression. Surpris, tout de même, il leva la main, et Maître Dreik vint lui en porter une autre. La question, donc... Quelle sorte de magie est pratiquée par les elfes noires de la Forêt Maudite? Cet examen avait été ridiculement facile. Goby posa sa plume sur le papier et commença à tracer le mot nécromantique. Hélas, il fut de nouveau interrompu par ces flashs enrageants : comment s'était senti cet enfoiré lorsque la vampire s'était collée si fort contre son dos, en lui embrassant le cou et en l'enlaçant de ses bras? La sensation de ces attributs féminin contre son ossature vertébrale... Ses mains contre son torse, et ces lèvres contre... MAIS BORDEL. Goby écrivit son mot, et sans adresser un regard à Maître Dreik, complètement obsédé et enragé de ses pensées, sortit de la pièce. En courant, il se dirigea vers la sortie du souterrain.

Arrivé à celle-ci, il arriva face à face au soleil. Il hurla. C'était la première fois qu'il ressentait cela, et il était beaucoup trop jeune pour affronter si brusquement cet ennemi mortel. Sa peau commença rapidement à se griser et il sentit déjà presque toute son énergie se vider de lui. Il ressentait une intense sensation de brûlure insupportable, sur toute la surface de son corps, même si ce dernier était presqu'entièrement caché par les vêtements. Ses genoux cédèrent, puis ses jambes au complet : il se retrouva couché sur le ventre. Puis, incapable de supporter cette douleur une seconde de plus, il perdit connaissance...

-Jour 2-

Un hurlement brusque. Le jeune Goby venait tout juste de reprendre conscience, et aussitôt il ressenti à grandeur de tout son corps une douleur terrible, n'épargnant aucun membre de toute sa physionomie. Aucun endroit n'était plus désagréable qu'un autre, malgré ce que l'on put croire : la magnificience d'une harmonie ne se résume pas qu'à un seul instrument. Ainsi en était-il du corps de Goby et sa douleur. Il ouvrit les yeux instantanément. Il était plongé dans une obscurité très forte, qui devait être entièrement silencieuse avant qu'il ne commence à hurler son martyr : d'ailleurs, même après être réveillé depuis sept secondes, il continuait de hurler. Il était incapable de bouger - ou du moins se l'empêchait. Simplement d'ouvrir les yeux lui avait causé cette brûlure insupportable sur tout le corps. Il eut au moins la sagesse de comprendre que quelconque mouvement n'allait pas l'aider. Ses cris devinrent des gémissements. Il n'en pouvait plus, d'hurler ainsi, en fait. La douleur restait tout aussi forte, ne s'en allait pas du tout...

Il se rappelait très bien comment il s'était retrouvé là. Il avait été effroyablement lamentable, et s'était laissé emporter par une impulsion causée par l'inconnu : cet inconnu était le fantasme. En trente-six ans d'existence, c'était honnêtement la première fois qu'il ressentait réellement ce genre de chose pour quelqu'un : L'envie physique d'une personne. Il s'en était voulu, et avait décidé de se punir. Ridicule : le Goby de l'an 999 n'aurait jamais fait une chose pareille. Les années à venir allaient le faire grandir, dieu merci pour lui. Treize secondes depuis son éveil : une personne entrant en trombe dans la salle, et ses mains s'illuminèrent légèrement. Une espèce d'aura blanchâtre se dégagea des paumes de main de l'être et alla se coller contre le corps de Goby. Un élan de douleur lui reprit : il hurla encore. Cependant, trois secondes plus tard, la douleur causée par les brûlures s'arrêta brusquement. Certes, il avait encore mal, mais c'était un mal tout à fait différent...

Au départ, c'était visiblement le même type de douleur qu'il avait ressenti lorsqu'il était parti courir au soleil ainsi. Maintenant, cette douleur était un peu moins physique. Enfin, il ne ressentait pas cette douleur sur la surface de son enveloppe charnelle, mais plutôt à l'intérieur de celle-ci, comme si une espèce d'énergie trop puissante s'infiltrait en lui : et c'était exactement ce qu'il se passait. Les vampires ont initialement deux faiblesses : la lumière du soleil et la puissance magique des anges, l'énergie positive. C'était à cette seconde vulnérabilité que Goby était présentement confronté. Il avait remplacé une douleur par une autre, mais dieu merci, la dernière était beaucoup moins intense et beaucoup plus supportable. Ressentant son corps subitement fonctionnel, il tourna la tête pour voir cette personne qui venait d'entrer dans la pièce. Sa vision vampirique lui permit d'aussitôt reconnaître les traits de Maître Dreik au travers de l'obscurité. Ce dernier avait un sourire radieux, sincère, au visage.

Bon matin, Goby.

Alors il était encore au souterrain..? Le jeune vampire soupira. Son professeur avait dû le suivre dans sa course et l'avait ramené à l'intérieur. Il lui devait la vie doublement, maintenant..! Une léger sourire en coin se dessina sur la bouche de Goby alors qu'il secoua doucement la tête. Mais ce sourire s'effaça aussitôt, et il fronça les sourcils. Le sourire de Maître Dreik disparu au même moment pour laisser place à une expression plus neutre, voire inquiète.

C'est... C'est bien de la magie curative positive que vous venez d'utiliser sur moi, n'est-ce pas..?

La magie «bonne», appelée plutôt magie curative par les «experts», était une forme de magie issue des pouvoirs d'Adam, l'ennemi juré d'Apocalypse, maître de tous les vampires. Comment se fait-il que l'un des plus vieux vampires du souterrain puisse maîtriser une telle sorte de magie, et être toujours en vie? La pratiquait-il en secret..? Il venait de prendre un gros risque en en faisant usage devant un autre être de la nuit...

En effet. Je n'aurais pas dû sous-estimer ta perception, pardonne moi. Cependant, c'était la seule manière que j'avais de te sauver. C'est une sacrée bêtise, que tu as faites hier, tu le sais..? Ne t'en fais pas. J'ignore ce qui t'as poussé à commettre une telle folie, et cela importe très peu. Au moins, tu es sauf.

Il reprit son sourire. Goby non.

Oh, tandis que j'y pense. Félicitations : une note parfaite.

Sans un mot de plus d'aucun des deux vampires, Maître Dreik quitta la pièce. Son examen... Goby ferma les yeux. Il ne savait toujours pas exactement où il se trouvait, encore moins de ce qu'il allait faire à présent. Il était très perturbé : le seul homme du souterrain pour lequel il éprouvait du respect était-il un traître à la communauté..? Et combien de personnes étaient au courant de la tentative minable de punition qu'il s'était infligé..? Habituellement, il se foutait de l'opinion des autres, mais son état émotionnel était présentement très instable. Il était conscient de tout cela, et n'y pouvait rien. Il serra les poings, et ses yeux se fermèrent sans qu'il ne puisse rien y faire. En quelques secondes, sur ces troubles, il s'endormit jusqu'à l'arrivée du prochain jour...

-Jour 3, première partie.-

Goby, comme la dernière fois, s'éveilla très soudainement, à la très massive différence qu'il ne ressentait plus aucune douleur, de quelque source que ce soit. Aussitôt qu'il ouvrit les yeux, il remarqua du coin de l'oeil la silhouette de Maître Dreik sur une chaise. En tournant le regard et observant plus attentivement, il constata que ce dernier s'était littéralement endormi à son chevet, ce qui extirpa du jeune vampire un soupir incertain. Cet homme s'était donné tant de mal pour lui en si peu de temps. Il s'était même risqué à un danger immesurable par sa gravité : il avait commis la trahison contre son Maître. Mais Goby n'allait pas commettre la même erreur : celle de trahir son maître à lui, c'est-à-dire Maître Dreik. Il lui devait la vie plus qu'il ne le devrait, à présent.

Sentant un peu de force en lui, Goby tenta de se redresser. Bien qu'avec un peu de difficulté, il parvint à se hisser assis, dans un lit qui n'était pas le sien du tout. Il distinguait mieux la pièce, et le premier trait qu'il remarqua lui fit comprendre aussitôt qu'il ne se trouvait pas dans le souterrain en ce moment : les murs étaient des billots de bois. Or, les murs du souterrain étaient creusés à même la pierre du sol. Ses sourcils se froncèrent de nouveau. Où était-il, dans ce cas..? Il observa la pièce plus attentivement. Il n'y avait qu'une seule autre porte, menant soit à l'extérieur ou une autre pièce ; il ne le savait pas encore. Il était dans le seul lit de la pièce et Maître Dreik sur la seule chaise. Aucune fenêtre. Un bureau à la surface assez restreinte dans un coin de la pièce, sur lequel reposaient le manteau, les bas et le gilet de Goby. Il sentait encore sur sa peau la texture de ses pantalons. Finalement, une bibliothèque pleine à craquer de livres. Quels genre de livres, cette fois-ci..? Goby laissa échapper un soupir amusé. Dans un effort tout de même assez difficile, il parvint à se lever et marcher lamentablement jusqu'au bureau. Il s'empressa d'enfiler les pièces d'habillement manquantes, ainsi que son manteau. Il ressentit aussitôt une faiblesse trèes brusque, qui le fit s'effondrer au sol. Il n'avait pas bu qui que ce soit depuis trois jours entiers. Le bruit réveilla le plus âgé des deux vampires, qui se précipita vers Goby afin de l'aider à se relever, puis de le rallonger sur son lit.

Ne t'inquiètes pas, j'ai pensé à tout...

Avec un petit clin d'oeil, Maître Dreik sortit en vitesse de la pièce et revint avec une gourde aussi grosse qu'un micro-onde tels que nous les connaissons dans notre propre univers. Goby eut un air incertain ; boire du sang d'un contenant n'était pas ce qu'il préférait. Seulement, il n'avait pas trop le choix en ce moment. Il accepta la gourde que Maître Dreik lui tendit avec un sourire, et se lança assez sauvagement sur le trou du récipient. En quinze secondes, sans prendre une seule respiration, il vida le contenant en entier. Il avait encore faim... Incroyablement faim. Trois jours, après tout...? Avec un rire, Maître Dreik se leva de sa chaise et reprit le contenant des mains de Goby, sortit de la pièce et lui en ramena un autre. Le même manège eut lieu jusqu'à ce que Goby eut vidé son sixième repas de la même grosseur.

Allez, ça suffit, maintenant. Il ne nous en restera plus pour les prochains jours, sinon..!

Pour la première fois depuis son premier éveil en ce lieu, le jeune vampire retourna à son aîné son sourire. Il avait tant de questions à poser à cet homme. Il ne savait même pas par quoi commencer, et il n'eut pas à s'imposer trop longtemps cette réflexion. Comme si Maître Dreik avait su ce à quoi il pensait, il se lança lui-même dans des explications.

Tout d'abord, ne t'en fais pas. Nous ne sommes pas très loin du souterrain. C'est dans cette cabane que je vis depuis environ trois cents ans. Je ne supporte pas ces autres vampires, au souterrain, tous se croyant plus fort l'un que l'autre. Que des tarés, à mon avis. Enfin... Pour t'éclairer un peu - quel excellent jeu de mot - je t'ai suivi lorsque tu es parti en courant de ma classe pour aller te jeter assez stupidement aux lueurs du soleil. Dieu merci pour toi, je l'ai fait : je me suis empressé de t'emmener ici. Il valait beaucoup mieux que ce soit ici qu'au souterrain : on t'aurait laissé crever, et je n'aurais eu aucune opportunit d'utiliser cette magie pour t'aider. Et oui, je me doute bien que tu aies une multitude de questions par rapport à cette dite-magie. Cependant, les réponses à cela viendront plus tard : pour le moment, tu dois te remettre convenablement pour que je t'apprenne certaines choses.

Un autre clin d'oeil. Quel genre de choses allait-il lui apprendre..? En vérité, cela excitait Goby un peu. De savoir qu'il allait accéder à une connaissance, ou une maîtrise supérieure de quelque chose le motivait et le rendait assez hâtif. Peu importe ce que cela serait. Il n'avait plus envie de dormir - il l'avait suffisamment fait, non? Il fit une seconde tentative pour se lever. Il était, comme par son passé, débordant de la même énergie vitale qu'auparavant. Maître Dreik se mit à rire.

C'est fou ce qu'une phrase de motivation peut avoir comme effet sur cette jeunesse flamboyante! Allez, viens avec moi!

Goby n'avait toujours pas prononcé un seul mot. Il suivit l'autre vampire, visiblement ravi, vers l'autre côté de la porte. Cela menait à l'extérieur. D'ici, on ne voyait pas grand chose ; quelques arbres, l'océan, c'était tout. À l'exception, bien sûr, de cette petite caverne très près de la hutte. C'est d'ailleurs là que se dirigea Maître Dreik. À la suite de ce-dernier, Goby pénétra à l'intérieur de la caverne : des torches étaient accrochées au paroi, illuminant le long couloir sinueux souterrain. Ils arrivèrent après une vingtaine de secondes à un cul-de-sac dans la grotte, une espace circulaire, et totalement vide à l'exception d'un grand coffre de bois au fond. Que faisaient-ils ici..?

-Jour 3, deuxième partie.-

Quel genre d'entraînement est-ce que l'on vient faire ici..? Quelles sont ces choses que vous voulez m'apprendre..?

Je ne sais pas si en cours de magie on te l'a appris, mais les vampires ne sont pas faibles qu'à la lumière solaire, mais aussi à l'énergie positive, que l'on appelle aussi magie curative. On entraîne pratiquement tous les vampires qui ont atteint le demi-siècle pour résiste à la première faiblesse. Par contre, il est très rare que des vampires ont la protection de l'énergie bonne. On ne réserve ces... "traitements" aux démons plus importants de la caste démoniaque, ainsi qu'aux plus impliqués en guerre. Il y a certaines exceptions au sein des vampires, bien sûr. Par exemple, cette Meru, la future fiancée de fils d'Apocalypse. Elle a eu droit à ce traitement de faveur pour qu'elle ne soit pas entièrement vulnérable si jamais elle était confrontée à un ennemi pouvant la blesser ainsi. Sinon, il y a moi, un vampire traître, comme je me qualifie moi-même, qui préfère nettement lutter pour sa survie que pour obéir à un maître se foutant de lui. J'ai appris ces sorts de moi-même, et j'ai développé une résistance à eux en les utilisant sur mon propre corps. Tu es très jeune, Goby. Le destin te réserve peut-être beaucoup plus de choses qu'à moi, un pauvre vieillard qui n'est pas foutu d'aller au bout de ses idéaux. J'ai envie de passer en toi, un être si jeune, tout ces dons que je me suis approprié pour mon simple plaisir de parfaire ma connaissance de ce monde. Nous sommes ici pour que je puisse te transmettre ces pouvoirs que j'ai utilisés pour toi hier.

Goby resta bouche-bée tout au long du discours. Il était un peu ému, ému de voir que Maître Dreik avait en lui une confiance absolue. En vérité, il était aussi très excité. L'apprentissage de ces pouvoirs lui rendrait la vie tellement plus merveilleuse. Sans les utiliser, il aurait au moins la conscience d'être supérieur à chacune des larves du souterrain, même si ces derniers avaient deux cents ans de plus que lui. L'homme debout devant le jeune Goby n'avait même pas idée à quel point ce jeune était excité et reconnaissant.

Maître Dreik, c'est un honneur incroyable que vous me faites. Je suivrai tous les entrainements qu'il faudra et surmonterai chaque obstacle et chaque épreuve pour parvenir à maitriser chacun des enseignements que vous me proposerez. Je promet que vous ne serez pas déçu..!

Maître Dreik sourit, et dans un geste à peu près paternel, il posa sa main sur l'épaule de Goby, toujours conservant ce sourire. Goby ne bougea pas. Après une dizaine de secondes d'immobilité dans cette position, Maître Dreik se dirigea finalement vers le coffre au fond de la pièce circulaire, qu'il ouvrit d'un coup de pied. Il se pencha, sembla ramasser quelque chose, referma le coffre puis se releva. À la main, il tenait une épée. Le pommeau semblait assez ordinaire ; fait de bronze, il n'y avait aucune pierre d'insérée dedans. Il y avait quelques gravures, cependant. Ces dernières semblaient représenter des ailes d'ange, tout de même assez abstraites. Rien d'autre. Une lame très grande, scintillante dans toute cette obscurité, semblant terriblement tranchante. Ce scintillement était obsédant ; cette lueur brillante qui se dégageait de la lame était impressionnante, voire inquiétante. Une énergie importante semblait réellement dégagé de cette si simple lame. Fasciné, il continua d'observer cette épée au fur et à mesure que Maître Dreik s'approchait de lui avec celle-ci. Arrivé devant lui, il la lui tendit. Sans hésitation, Goby empoigna le pommeau et saisit la lame, qu'il leva en l'air.

J'espère que tu me fais suffisamment confiance pour croire ce que je vais te dire à l'instant. Cette épée... M'a été donnée par Adam lui-même. Lorsqu'il me l'a donnée, il m'a dit cette chose : «Conserve avec toi cette épée tout au long de ce millénaire, car vers la fin de celui-ci, j'aurai besoin de toi. Profite de ce temps pour apprendre à la manier et la contrôler à perfection, et ne la perd jamais. Mais si tu venais à périr pour quelconque raison que ce soi, je te fais entièrement confiance pour te trouver un successeur, quelqu'un qui deviendra le nouveau maître de cette épée.» J'ai ce pressentiment que bientôt, il arrivera quelque chose. J'ai peur de mourir dans les évènements qui viendront bientôt, mais si c'est mon destin, je l'affronterai. Mais je te lègue tout de même ce cadeau légué d'Adam. Tu as en toi le potentiel qu'Adam a autrefois vu en moi, j'en suis certain. J'ignore ce qu'Adam a voulu dire lorsqu'il m'a annoncé qu'il aurait besoin de moi, mais tu pourras accomplir n'importe quelle mission qu'il eut voulu me donner.

Encore une fois, Goby n'avait pas de mots. Toute la confiance et l'importance que Maître Dreik mettait entre ses mains l'émouvait énormément. Cet homme était comme un père pour lui, comme jamais il ne l'avait ressenti pour qui que ce soit auparavant. Dommage que Maître Dreik représentait la seule personne dont Goby était certain qu'il n'était pas son père : jamais un homme tel que lui n'aurait couché avec une pute comme l'était sa mère. Goby rangea l'épée au fourreau de sa ceinture ; ce dernier était vide, puisque Goby avait laissé sa propre épée dans sa chambre, au souterrain. Il n'en aurait plus jamais besoin, de toute manière. Le voilà qui se retrouvait avec une épée probablement forgée par Adam lui-même. Le Dieu du bien. L'ennemi juré d'Apocalypse, le Maître et créateur des vampires. Goby fixa un instant son épée, avant de relever le regard vers son réel Maître.

Je suis déjà prêt, Maître Dreik. Je veux vous faire honneur aussitôt que cela me sera permis. J'ai envie que l'on commence mon entrainement dès maintenant que je puisse vous prouver le plus tôt possible que vous n'avez pas eu tord en m'accordant une confiance si entière.

Dreik sourit.

Je sais déjà que je n'ai pas eu tord, mais si tu insistes, commençons tout de suite. Je ne peux pas t'apprendre grand chose, Goby, outre la maitrise de cette magie ainsi que la résistance à celle-ci. Après cela, tout ce qu'il te sera possible de faire devra être fait de toi-même, outre ton entraînement au soleil. Or, tu devras attendre d'avoir réellement cinquante ans pour résister à ce dernier. Quant à tes capacités physiques au combat, tu es le seul maitre de ta progression.

Le jeune Goby hocha la tête. Il allait tout faire... Tout.

-Jour 3, troisième partie.-

Ferme les yeux, garde les mains le long de ton corps, et détend toi.

Goby observa son Maître qui le fixait, et obéit. Il laissa pendre ses bras de chaque côté de lui et ferma les yeux. Se détendre... Plus difficile. Il avait tant de choses auxquelles penser, mais il serait capable de le faire. D'ailleurs, il ne lui fallu pas longtemps avant de faire le vide ; il avait un certain talent à se foutre des choses qui l'entouraient. Après deux minutes de méditation, il parvint à faire complètement le vide. Cela dû paraître physiquement d'une manière ou d'une autre, car Maître Dreik continua de lui donner des instructions à ce moment précis.

Des êtres vampiriques tels que nous ont été créés initialement par de l'énergie négative et destructrice. Or, les sorts que nous tentons en ce moment de maitriser nécessitent de l'énergie positive. Ce n'est pas n'importe quel vampire qui puisse utiliser la mgie que je t'enseigne en ce moment, même s'ils tentaient de l'invoquer pendant un millénaire complet. Il y a, par un phénomène que je ne puisse t'expliquer, certains vampires de ce monde qui naissent avec cette énergie positive, étrangement. Intervention d'Adam, déviance de l'énergie, je ne puis le savoir. Cependant, je sais que tu parviendras, toi, à la maitriser. J'ai tout de même connaissance de ton parcours au sein du souterrain, et je sais que tu es incapable d'invoquer le moindre sort en cours de magie. Ce n'est pas car tu es inférieur, mais plutôt car ton âme ne renferme pas cette énergie négative dont sont dotés les autres vampires. Et par mes recherches, je sais qu'il est impossible pour un être vivant de ne posséder aucune des deux sources suprêmes d'énergie en lui. Maintiens le vide en toi, Goby.

Comment pouvait-il savoir toutes ces choses par rapport aux âmes..? Tout ce savoir était incroyable, voire inquiétant. Goby sursauta mentalement : il devait rester concentré et détendu. Il inspira. Expira.

Contacte ton âme. Cherche à l'intérieur de toi cette énergie positive qui est emmagasinée, et trouve sa source. Tout ton pouvoir se trouve dans ton âme, et ce n'est qu'avec sa bénédiction que tu pourras utiliser son pouvoir.

Tout cela était ridicule..? Comment pouvait-il parler à son âme?! Les sourcils de Goby se froncèrent légèrement. Trouver la source de son énergie en lui-même... Pendant facilement dix minutes, il resta immobile là, dans le silence, pendant que Maître Dreik le fixait. Il tentait de comprendre ce qu'il lui demandait réellement. Était-ce une énigme, ou parlait-il sérieusement..? Comment pouvait-il communiquer avec l'intérieur de son corps? «Contacte ton âme», eh? La dixième minute fut insupportable, et rageant de ne pas comprendre, Goby rouvrit les yeux et serra les poings.

Je suis incapable de comprendre ce que vous me demandez, Maître Dreik..! Cette épée, s'elle est constituée d'énergie positive, ne peut-elle pas me servir de réservoir afin d'invoquer cette magie dont vous me parler..?

C'est une excellente remarque et une excellente déduction, Goby. Cependant, on ne peut prendre en un objet la capacité de maitriser une force que nous n'avons pas nous-même en nous. Tu pourras en effet te servir de cette épée comme d'un réservoir, mais uniquement afin d'amplifier ta compréhension et ta puissance de cette magie. Aucun objet magique ne te confère de pouvoir, il ne fait que l'améliorer. Alors tant que tu ne pourras pas utiliser ta propre énergie pour invoquer tes sorts, jamais l'épée ne te prêtera sa force. N'abandonne pas après dix minutes, Goby. Cela m'a prit trois heures de méditation avant de pouvoir saisir ce que je cherchais.

Goby soupira. Trois heures, eh? Il reprit la position de méditation, et refit le vide à nouveau. Il continua de sonder l'intérieur de lui-même, mais s'il ignorait comment cela devait se faire...

-Jour 3, quatrième partie.-

Le temps semblait interminable. Incroyablement interminable. Mais Goby ne quitta jamais sa position ; il se disait que c'était uniquement le fait d'être coincé debout et l'absence de mouvement qui lui donnait l'impression que tant de temps avait déjà passé. Au final, il se persuadait lui-même que ça ne faisait que deux heures qu'il était debout ainsi, à chercher la source de son existence. Mais il ne trouvait que le néant. Il ne comprenait pas de quelle manière il pourrait trouver un espèce de pouvoir qui sommeillait en lui par la méditation. Il trouvait, honnêtement, cela ridicule. Quelques fois, il entendit des bruits de pas, indiquant que Maître Dreik quittait la grotte et parfois revenait.

-Jour 4, première partie.-

Puis, un moment où il entendait Maître Dreik revenir dans la grotte, il lâcha, après qu'il lui sembla avoir été là pendant au moins six heures. Il ouvrit les yeux et se tourna brusquement vers le vampire. Il avait terriblement faim et ses jambes n'en pouvait plus d'être debout ainsi.

Je suis désolé, mais je n'y parviens pas. Je ne saisi même pas comment cette manoeuvre parviendra à me faire contacter une chose même pas vivante, qui plus est, abstraite, à l'intérieur de mon corps. Je n'y arrive simplement pas...

Je constate.

Goby fronça les sourcils devant le ton un peu sarcastique de Maître Dreik.

Cela fait exactement trente-quatre heures que tu médites ainsi.

La mâchoire de Goby lâcha. Trente-quatre heures?! Se foutait-il de sa gueule?! Le regard intensément sérieux et neutre de Maître Dreik lui confirmait qu'il ne mentait pas. Cela faisait presqu'une journée et demie qu'il était debout ainsi et qu'il n'était parvenu à rien du tout! Le jeune vampire détourna le regard, honteux. Il n'avait fallu à Maître Dreik que trois heures..! Dreik constata le désarroi de Goby, aussi décida-t-il qu'il était temps d'aider un peu Goby dans sa recherche.

Visiblement, on ne parviendra pas à un résultat de cette manière, mais félicitations. Quand j'ai dit que cela m'avait pris trois heures, je voulais dire avant d'abandonner la méditation et de demander l'aide d'Adam, et par un espèce de rituel, il m'a permis d'accéder à cette source. Je ne voulais d'abord pas user de cette méthode avec toi, car elle a eu des conséquences sur moi, mais si c'est nécessaire, nous le ferons. Je t'explique comment nous procéderons, tout d'abord, car si tu n'as pas envie que nous le fassions, ça me fera plaisir! Voilà. Je vais donc concentrer dans mes mains de l'énergie positive, et petit à petit, je parcourrai l'air autour de ton corps avec mes mains. Tu sentiras cette sensation très désagréable à chaque moment, puisque ton corps de vampire n'est pas habitué à cette concentration d'énergie bonne. Je vais commencer de tes pieds, et je monterai très lentement. Lorsque j'arriverai à ta tête, cependant, tu vas sentir une sensation très différente ; au lieu que ce soit une douleur et d'une pression tout de même insupportable, tu vas ressentir un grand vide très soudain. Tu ne le verras pas, mais ton âme, donc ta source d'énergie positive, sera attirée hors de toi par mes mains, puisque ma puissance est plus développée que la tienne. Aussitôt que ton âme aura quittée ton corps, tu vas avoir l'impression de perdre connaissance, mais ton corps ne bougera pas d'un poil : il va rester debout et très droit.

Tout cela était hallucinant. Était-ce réel? Maître Dreik avait-il vraiment la capacité de contrôler ainsi l'âme de quelqu'un d'autre à sa guise..? Ce pouvoir qu'il tentait de conférer à Goby... Ce pouvoir n'était-il pas assez puissant pour éliminer n'importe quel vampire ou démon de ce monde..? Les poings de Goby se serrèrent. Honnêtement, ce rituel l'effrayait un peu, jusqu'à présent. Mais par la suite, il deviendrait si puissant..!

C'est à ce moment que nous arrivons au plus difficile. Ton âme ne sera plus en toi ; elle se retrouvera en lévitation entre mes mains et ton crâne, se sentant tirée de chaque côté. Tu seras complètement inerte, et c'est là le problème. Afin que ce pouvoir t'appartienne vraiment, tu devras concentrer toute ta volonté et ton énergie brute afin de lever tes bras, pour saisir de tes propres mains ton âme. Dès l'instant où tes mains l'atteindront, toute ton énergie te reviendra d'un seul coup. Tu te sentiras plus léger, plus fort, car tu auras un contrôle beaucoup plus complet de cette énergie qui t'as toujours habitée.

C'était tout..?

Hélas, ce n'est pas si facile que cela en a l'air. La quantité d'énergie qu'il restera en ton corps serait infiniment minime, puisque plutôt tu auras dû l'utiliser complètement afin de résister à mes mains au long de ton corps, pourtant cette étape est nécessaire au plein éveil de cette magie. Il y a beaucoup de risques que tu n'y parviennes pas au premier essai. Si c'était le cas et que tu étais incapable, je devrais réintégrer en toi ton âme très rapidement avant que tu n'en meures, et c'est là qu'est le danger. Si je dois remettre moi-même ton âme en toi, tu perdras une grande partie de la force qu'elle pouvait te conférer. Tu seras beaucoup plus faible qu'avant, jusqu'à ce que tu réussisses à accomplir le rituel jusqu'à la fin. Et même lorsque tu l'accompliras, le potentiel découvert sera moins puissant que si tu ne l'avais réussi du premier coup, et c'est ce qui m'est arrivé. J'ai échoué deux fois, avant de parvenir à saisir ma propre âme des mains d'Adam lui-même. Je pourrais aujourd'hui être bien plus puissant si j'avais tout de suite réussi...

Maître Dreik soupira. Goby était plus abasourdi que jamais. Il ne s'en allait pas suivre un insignifiant entraînement à l'épée ou il n'allait pas suivre un rituel pour transformer un humain en vampire, non. Il allait faire quelque chose de plus grand, de plus puissant, mais surtout de plus dangereux. Il n'avait aucune idée d'à quel point il allait souffrir de tout cela, et ça l'inquiétait. Beaucoup. Néanmoins, il n'allait pas reculer, et il allait commencer ce rituel avec la certitude d'avoir réussi. Il ne laisserait partir aucune parcelle de toute la puissance qu'il pourrait accumuler. Un seul doute restait à l'esprit de Goby, par rapport au fait qu'il allait devoir user de son énergie brute restante. Et comme si Dreik - encore une fois - savait lire dans ses pensées, il se dirigea vers le coffre et sortit deux contenants à peu près identique à ceux dont s'était servi Goby pour se nourrir la veille. Il jeta les deux réservoirs à Goby, que ce dernier attrapa et vida très rapidement. Il était prêt, maintenant...

-Jour 4, deuxième partie.-

Dire que son Maître venait de lui faire passer une journée et demie dans cette position pour rien du tout... Goby soupira, ferma les yeux, détendit les poings et les bras. Il prit trois grandes respirations, à la suite desquelles il hocha la tête. Il était prêt à aller jusqu'au bout. Il aurait ce pouvoir, coûte que coûte, et surtout... Il ne rebaisserait les bras qu'uniquement lorsqu'il aurait récupéré lui-même son âme. Il leva la tête, ayant désormais le corps bien droit. Il sentit, derrière lui, Maître Dreik qui se pencha. D'un seul coup, il sentit une immense énergie presqu'insupportable au niveau de ses pieds. Il ressenti de la douleur dès la première seconde, et cette douleur montait doucement, lentement le long de ses jambes, en même temps que les mains de Maître Dreik. La douleur quittait les pieds, puis le tibia pour arriver à la cuisse. C'était insupportable... Comme si deux lames tentaient de remonter par les vaisseaux sanguins de son corps, coupant et détruisant tout sur leur passage. Il sentait déjà ses genoux fléchir ; cette douleur là n'était rien comparée à celle qu'il avait ressentie lorsqu'il s'était fait lancé le sort de soin. C'était exactement la même douleur qu'il avait ressentie au soleil, sauf à l'intérieur. Cependant, il supporta mieux ; il avait au moins la volonté, sinon l'énergie.

Chacun de ses membres commença à trembler, et il remarqua que Maître Dreik accéléra un peu la cadence. Les mains se déplacèrent devant son torse, redescendirent par les bras et remontèrent par le dos. La sensation arriva à son coup, son visage. Il voulait hurler, hurler comme jamais. Et au moment où il cru qu'il allait céder, la douleur cessa instantanément. Un grand halètement sortit subitement de sa bouche, et son corps dévia un peu vers l'avant. Il ne sentait plus l'intérieur de sa tête, comme si son cerveau venait de lui être arraché d'un coup sec... mais ce n'était pas douloureux. Il comprenait la sensation, mais ne se rappelait cependant plus pourquoi il la ressentait... Le vide intense de sa tête le troublait. Il aurait voulu pleurer. Il voulait se saisir les temps, s'assurer qu'il avait encore un crâne..!

Il tenta de lever les mains, et paniqua encore plus en constatant que ces dernières ne bougeaient pas d'un poil. Il se sentait vidé complètement de toute son énergie... Où était-il...? QUI était-il..? Le vide le refrappa brusquement, cet insupportable sensation de néant. Il tenta à nouveau ; ses doigts remuèrent. Pourquoi ne se souvenait-il de rien..? Et pourquoi commençait-il à ressentir de la douleur dans le reste de son corps..? En ce moment, Goby était légèrement penché vers l'avant, les yeux très ronds, en bavant. Maître Dreik était encore derrière lui, maintenant ses mains de chaque côté de ses tempes. Entre ces dernières et les mains, une aura blanchâtre aveuglante éclairait toute la caverne d'une lumière trop intense ; Dreik avait les yeux fermés, et même il en souffrait. Goby devait réussir....

Mais Goby ne savait même plus son nom, comment aurait-il pu se rappeler ce qu'il devait accomplir..? Un filet de bave tomba sur sa chaussure. Il fixa le liquide. Tiens, qu'était-ce que cette chose..? [...] Le vide. Encore lui..?! Un autre effort, une autre tentative... La main parvint à bouger, mais une seule. Sans plus. Dreik commençait à paniquer et à ressentir son propre manque d'énergie. Il vacilla un instant, et son devant de corps heurta très brièvement le dos de Goby... Et à ce moment une chose à laquelle il ne s'était pas attendue se produisit. L'aura blanche de ses mains commença d'elle-même à retourner vers le crâne de Goby. Il ouvrit les yeux brusquement, et malgré la clarté plus qu'intense, il fixa, scandalisé, ce qu'il se passait. Comment cela se pouvait-il..? Il tenta d'éloigner ses mains, en tentant de toutes ses forces d'attirer avec lui l'âme de Goby, mais rien à faire. L'aura qui se dégageait du subconscient du plus jeune vampire ne voulait pas suivre ; plutôt, elle commença à descendre doucement le long du visage de ce dernier. Petit à petit, les filets blanchâtres atteignirent le cou, puis les épaules du vampire. Maître Dreik lâcha son sort, perturbé : mais cela ne marcha même pas, et l'âme de Goby continua de descendre le long de ses bras, lentement. Il remarqua un autre détail fascinant : les poings de Goby étaient serrés aussi dur que cela était possible ; on eut dit que les veines voulaient exploser d'effort. Il pouvait voir, au travers des vêtements de Goby, que chacun de ses muscles se contractait solidement... Et tout d'un coup, un dernier éclat lumineux, au moment où les filets atteignirent les poings serrés de Goby.

Ensuite, la cave fut de nouveau plongée dans sa noirceur : en même temps, Dreik et Goby tombèrent au sol. Le premier, à cours de force, et le deuxième, inconscient.

-Jour 5, première partie.-

Goby s'éveilla en sursaut, une fois de plus. Il se dressa d'un coup très sec et se retrouva aussitôt en angle bien droit, dans le lit dans lequel il s'était éveillé les jours avant. Il regarda à gauche et à droite, scruta la pièce ; Maître Dreik n'était pas là. Contrairement à la dernière fois qu'il s'était réveillé, il avait encore tous ses vêtements. Uniquement son épée n'était pas à sa place ; elle reposait, accotée au mur, juste à côté du lit. Il ne ressentait aucune sensation étrange comparée à avant. Avait-il échoué..? Il serra les poings et posa ses yeux vers ses genoux, formant deux petites bosses sous la couverture. À cet instant, la porte de la chambre s'ouvrit, et Maître Dreik entra, souriant encore. Il regarda Goby quelques instants en le saluant d'un signe d'un tête, puis vint s'asseoir sur la chaise à côté du lit. Il avait l'air étrangement serein, malgré ce qui s'était passé la veille dans la grotte.

Bien dormi..?

Aucune idée...

Maître Dreik rit un peu, et posa son regard assez brièvement vers le sol. Il semblait évident pour Goby qu'il hésitait à dire quelque chose, mais l'hésitation ne dura pas.

Te rappelles-tu de ce qui s'est passé..?

Vaguement...

Ce qui est arrivé est incroyable... Je ne le comprend même pas, malgré que je vienne de passer la nuit à essayer de trouver ce qui a bien pu se passer...

Je... Je me rappelle la sensation que j'ai ressentie dès l'instant où vos mains ont été de chaque côté de mes jambes. La sensation était assez insupportable. C'était douloureux, et ça grugeait mon énergie à une vitesse extraordinaire. Puis quand vous êtes arrivés à mon visage, je me suis senti très différemment. D'abord, le bas de mon corps est devenu quasiment insensible. J'avais l'impression d'avoir eu la tête coupée tellement je n'avais même plus conscience de la présence de mes membres inférieurs. Et d'un coup, vous êtes arrivés à ma tête, et là je ne me rappelle presque plus grand chose. À l'exception d'une seule chose et c'est, je crois, ce que vous ne pouvez comprendre. À un moment, j'ai ressenti quelque chose sur mon omoplate droite, et... J'en ai honte, mais ça m'a rappelé cette Meru, lorsque le matin de l'examen, Edrick m'est foncé dedans alors que je sortais de ma chambre. Tout de suite après, c'est elle qui m'a percuté, et... Je me suis souvenu la sensation que j'ai ressentie en sentant son sein contre mon dos... Puis tout d'un coup, j'ai complètement perdu connaissance... J'ai échoué, n'est-ce pas..?

Maître Dreik était incroyablement surpris, fixant Goby avec de grands yeux. Autant avait-il envie d'éclater de rire de constater que le jeune Goby avait réussi à cause de vulgaires seins, autant avait-il envie de pleurer de constater qu'il n'avait fallu à son élève justement que de vulgaire seins pour lui faire accomplir un exploit incroyable. Goby sentit ce regard, et baissa les yeux, n'appréciant pas trop.

Non Goby. Tu as réussi.....

Le visage du jeune vampire se ralluma, et il releva aussitôt le regard vers Maître Dreik.

Lorsque j'ai perdu l'équilibre et que j'ai brièvement vacillé sur toi, ma magie n'a plus eu aucun effet : ton âme s'est mise d'elle-même à descendre le long de ton visage, ton cou et tes bras pour arriver jusqu'à tes mains. J'étais complètement impuissant et je voyais ton pouvoir agir de lui-même, et je n'en revenais simplement pas. Dire que toute ton âme s'est éveillée à cause des seins de Meru Silverwind...

Maître Dreik se mit à éclater de rire de plus belle. Goby était sous le choc. Les seins de Meru lui avait fait acquérir un pouvoir plus grand qu'il n'en aurait jamais..? Il avait tellement honte.... Tout en étant heureux d'avoir réussi, mais tout de même... Il soupira, en jetant un regard tout de même de travers vers Maître Dreik. Ce n'était pas si drôle que ça... si?

-Jour 5, deuxième partie-

Il était quelque part dans l'après-midi après que Goby s'eut éveillé. Il passèrent encore deux bonnes heures dans la chambre de Goby, à spéculer ainsi sur diverses choses. Après un moment, Goby se sentit prêt à se lever. Il eut un peu de peine, mais surtout car il avait faim : Maître Dreik lui apporta donc un grand contenant, comme les précédents. Ravigoré, Goby put enfin sortir du lit, et accrocha sa toute nouvelle épée à sa ceinture. Il demeura en silence quelques secondes avant de se retourner vers son nouveau mentor.

Je ne me sens pas différent d'avant. Vous dites que j'ai en effet réussi à libérer cette énergie positive qui était en moi, mais je ne me sens ni plus léger, ou plus pur. Et je ne comprend pas non plus... Si j'étais un vampire différent, possédant une énergie positive plutôt que négative, comme les autres... Comment se fait-il que cette énergie positive me fasse mal, puisque j'en suis composé..?

Mon cher Goby, ton âme est bien positive, comme la mienne, contrairement à celle des autres vampires. Cependant, ton enveloppe physique et charnelle, comme ton sang, autant que tes muscles. Eux sont fabriqués purement à partir de l'énergie négative d'Apocalypse. Sinon, tu ne serais pas un vampire à proprement dit, mais plutôt l'un de ces elfes.

Il restait à Goby beaucoup de choses à apprendre du monde. Il allait profiter de ces années avec Maître Dreik pour en profiter le plus possible, jusqu'à ce que le destin ne leur offre mieux à faire de leur vie. D'ici-là, tous les deux auraient beaucoup de choses à faire. Goby venait uniquement de débloquer l'accès à cette magie, il ne la maîtrisait pas du tout, et encore moins n'y résistait. Il voulait d'ailleurs s'y mettre à l'instant. Il ne pouvait plus attendre de devenir aussi puissant qu'on lui laissait présager. De plus, selon ce qu'avait dit Maître Dreik, Goby avait débloqué le plein potentiel de sa source magique, ayant réussi le rituel dès le premier essai.

Les deux vampires retournèrent à la caverne. Goby avait pu insister suffisamment pour débuter dans l'immédiat. Arrivés, cependant, Dreik dû retourner à la cabane, ayant oublié sa propre arme. Goby profita pour observer un peu mieux cette caverne. Il remarqua quelques éléments physiques de l'endroit ; des espèces de taches plus claires sur les parois rocheuses, des marques de lames sur le sol, quelques unes sur les murs. Finalement, il décida plutôt de s'intéresser au coffre au fond de la pièce. Il alla se planter devant, puis l'ouvrit. Il n'y avait pas grand chose ; un petit sac de cuir pas plus gros qu'une poire, semblant contenir des billes, ainsi qu'une dague. Rien de plus. Il allait inspecter un peu mieux les deux éléments, seulement Maître Dreik arriva à cet instant dans la caverne et Goby s'empressa de refermer le coffre.